(weathering steel oval edition)
Depuis la fin des années 1940, plusieurs entités – gouvernementales ou privées – sont intervenues chimiquement sur les nuages pour influencer les précipitations. Cette pratique controversée, connue sous le nom d'« ensemencement des nuages », permet d'empêcher la grêle de ruiner les récoltes, de soulager les périodes de grande sécheresse, d'intensifier les averses sur des zones stratégiques dans le cadre de conflits militaires et même d'empêcher la pluie de tomber sur un défilé militaire.
La forme et les matériaux du Displuvium sont liés au rôle des fontaines et des bassins d'eau à travers l'histoire. Dans la Rome antique, par exemple, les maisons de riches étaient entourées d'un atrium : une pièce centrale semi-couverte, généralement entourée de portiques. Une ouverture dans le toit éclairait la maison et permettait à l'eau de pluie de s'écouler dans un bassin appelé displuvium. Pour les domestiques qui travaillaient dans ces maisons, le displuvium était une fenêtre sur un monde extérieur qu'ils n'étaient pas libres d'explorer. En outre, les occupants pouvaient s'informer du temps qu'il faisait en observant la surface de l'eau. Le displuvium était donc une source quotidienne de distraction et d'information, un peu comme les écrans numériques d'aujourd'hui. En outre, le préfixe latin dis- évoque la séparation, une anomalie ou un dysfonctionnement. Une référence aux phénomènes météorologiques truqués.
L'installation, développée en collaboration avec le designer Renaud Defranceco, prend la forme d'un bassin rempli d'eau et placé directement sur le sol. À la surface de l'eau, le visiteur peut observer les précipitations : des gouttes d'eau sont générées par de petites buses. Deux écrans fixés à côté sur un mur affichent une carte des événements historiques liés aux épisodes pluvieux, parfois d'origine naturelle, parfois altérés par l'homme. Ces séquences non linéaires de longueur variable constituent la trame narrative de cette installation. Lorsque des événements météorologiques contrôlés sont représentés, les gouttes s'organisent en motifs géométriques reconnaissables. L'artificiel remplace donc le naturel et le hasard est supprimé par le contrôle. Cette « pluie programmée » est troublante, mais elle possède aussi une certaine beauté.
Displuvium vise à démontrer le lien entre l'homme et la nature. Elle illustre la facilité avec laquelle il est désormais possible de reproduire des phénomènes naturels, grâce aux avancées technologiques. Mais cette installation révèle aussi les limites de notre contrôle sur l'environnement : les échecs (effets secondaires) des ensemencements qui émaillent la séquence nous rappellent que certaines choses échappent toujours à notre contrôle.
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