Inspiré des War Games et des jeux de stratégies, ce jeu de simulation de scenarios à l’échelle planétaire visait à “une distribution équitable des ressources”. Créé à l’époque cybernétique au début des années 1960 et développé sur plusieurs décennies, ce jeu incarne les promesses de la computation et des modèles mathématiques pour la résolution de problématiques socio-politiques telles que la surpopulation, l’énergie, la consommation, l’accès aux services, aux ressources, etc.
Aujourd’hui, grâce à l’évolution des technologies, l’arrivée des super-ordinateurs et le développement de l'intelligence artificielle, la réalisation d’une telle simulation pourrait devenir effective.
Prenant le contre-pied de cette hypothèse technocrate, G80 questionne l’absurdité-même de cette idée qui s’inscrit dans un système techno-capitaliste épuisé qui refuse de voir au-delà des modèles mathématiques. Jusqu'où sommes-nous prêts à aller avec ces nouvelles computations pour optimiser la gestion globale du monde ?
L'œuvre accueille sur une console une matrice de 80 curseurs motorisés qui rappellent ceux d’une salle de contrôle. Chaque curseur correspond à une variable dont le nom est gravé sur la plaque. Aux extrémités des glissières, les signes + et – graduent les enjeux.
Alors que certaines variables sont directement inspirées de celles édifiées par Buckminster et ses élèves, d’autres, nouvelles, mettent en lumière les grands enjeux de notre époque, tels que l’écologie, la migration, l’égalité de genre ou le développement des innovations technologiques.
Dans ce dispositif, les curseurs ont à la fois le rôle de sélecteur (input) et celui de résultante (output). Le public est invité.e à interagir avec l'œuvre et à jouer à stabiliser le monde en changeant la valeur de chaque constante.
Après avoir apporté une première modification à ce tableau de bord, il constate que tous les curseurs sont corrélés et glissent vers une nouvelle position. En essayant d’y lire une logique, il remarque rapidement que la machine s'emballe, il observe aussi que les variables évoluent sans son intervention, le mouvement figurant l’intervention d’autres intelligences.
Lorsqu'aucun visiteur n'interfère avec la matrice, celle-ci s'active et altère la position des 80 curseurs de façon à former des motifs géométriques, donnant alors l'impression de narguer les visiteurs qui se sont pris un instant au jeu.
Sans autres manifestations visuelles que les noms des variables et leurs quantités, le public est donc amené à visualiser mentalement l'impact concret que son choix pourrait avoir sur le globe terrestre.
Le titre G80 fait référence aux différents forums intergouvernementaux. G80 a été exposée pour la première fois au Somerset House à Londres dans le cadre de l’exposition “Global Game” du 1er au 25 juin 2023. L'oeuvre originale fait désormais partie de la collection permanente du mudac. Fragmentin a reproduit une deuxième édition (artist proof edition) en 2024, qui sera exposée au Ars Electronica Center jusqu'en 2026.
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